Le smartphone et votre enfant – 11 règles d’utilisation
Quel âge et quelles règles pour le smartphone de mon enfant ?
Les smartphones sont entrés dans nos vies il y a environ 20 ans et y ont pris une place prépondérante. Aujourd’hui, on ne fait plus rien sans eux, et cela inclut souvent beaucoup plus que communiquer. Ils servent à être localisé et guidé, à être informé, à échanger de l’information, partager nos vies, nous divertir. D’où le fait que ce ne sont plus simplement des téléphones, mais des téléphones intelligents… (😵💫)
Les questions des parents sont multiples et le plus souvent, ils décident d’avancer en fonction de ce que le voisin, le cousin, les amis font, et aussi selon ce que les parents des camarades de leur enfant ont décidé de faire, guidés par les mêmes principes. C’est un peu comme si chaque mouton suivait le troupeau sans savoir qu’il guide aussi le troupeau qui le guide ! Voilà pourquoi les résultats sont plutôt catastrophiques.
Dépeignons un peu l’horreur du tableau :
- Augmentation du temps d’écran(1) – surtout des applis et site internet très pauvres pour leur développement psychosocial et intellectuel.
- Problèmes de comportement sur la toile (2), notamment le harcèlement et la diminution de l’empathie résultants : de l’anonymat, de l’immaturité des enfants et du manque de guidance.
- Danger pour l’enfant (3) car 83% des parents ignorent ce que leur enfant fait sur internet. Or, les études montrent que Youtube, Tiktok et les sites pornographiques tiennent le haut du pavé.
- Arrivée sur les réseaux sociaux trop précoce par rapport à l’âge établi légalement (15 ans), qui prend en compte ce à quoi l’enfant sera confronté.
- Problème de sommeil (4) : les enfants dorment moins car ils se couchent plus tard du fait de leur consommation d’écran, ont plus de mal à s’endormir à cause la lumière bleue qui freine la production de mélatonine (hormone du sommeil), mais aussi pour les plus âgés à cause du fameux FOMO (Fear of missing out) ou peur de rater une information, une blague, un échange dont il pourrait être question le lendemain à l’école.
- Problème de santé : sédentarité, prise de poids
- Problème psychologique et développementaux (5) : diminution des qualités d’attention, de concentration, sentiment d’ennui et de vide, baisse de l’estime de soi, augmentation des comportements à risque pour les garçons et des troubles de l’alimentation pour les filles dans l’espoir de ressembler aux photos filtrées d’Instagram.
Récemment une mère a décidé de poursuivre Tiktok après que sa fille adolescente s’est suicidée. Ca,r si les réseaux sociaux appauvrissent nos esprits c’est qu’ils fonctionnent de telle manière à nous donner toujours plus de ce que nous consommons le plus. Si votre fils cherche des cascades dangereuses, des blagues extrêmes, c’est ce qui lui sera proposé. Si votre fille cherche à être plus mince, plus belle, à avoir des lèvres plus gonflées, c’est ce qu’elle trouvera. La fille de cette dame cherchait à se suicider, c’est donc ce qui lui a été proposé.
Mais comment un simple accessoire peut être si nuisible ?
Eh bien ! A dire vrai, l’accessoire « Smartphone » n’est en soit pas plus néfaste qu’un couteau. Il le devient si on s’en sert mal. Ainsi pour avancer, il nous fait distinguer :
- L’outil/ l’accessoire = un smartphone
- Ses possibilités = ses app et fonctionnalités
- Son usage = la manière et le temps qu’il va être utilisé
Et là, on ouvre les perspectives. Car, si le smartphone n’est pas dangereux, ce sont ses app et ses usages qui peuvent l’être.
Ainsi la majorité des parents donnent à leur enfant le smartphone avec les app qu’il intègre au départ. On trouvera donc le téléphone, les messages, les emails, whatsapp et peut-être Facetime, Youtube, un navigateur (chrome, safari…), des jeux, de petites fonctionnalités (réveils, lampe de poche, boussole, météo) et un app store pour adapter l’appareil à ses usages.
Puis les parents misent tout sur le contrôle parental.
Et là, ça fait bien rire les jeunes car pour la plupart saura tôt ou tard comment passer outre.
Ils connaissent les codes. Personnellement, je n’utilise pas le contrôle parental avec mes enfants. Comme je le leur ai dit, je ne veux pas être le flic, celui qui contrôle, calcule les dépassement et met des amendes. Je veux que chez moi, on communique. Que l’on se déplace les uns vers les autres pour se parler, pour se dire ce que l’on voudrait, que l’on cherche à se comprendre. Je pense qu’un jour, il me faudra passer par la case contrôle, mais ce n’est pas encore nécessaire.
Enfin, les parents, cessent de contrôler… En effet, selon le site e-enfance.org 83% des parents ignorent ce que font exactement leurs enfants sur internet (et se trouvent très surpris quand ils l’apprennent).
Pour finir, il faut que nous nous parlions franchement. Nous – parents – sommes responsables de ce que font nos enfants. Nous sommes décisionnaires de leur remettre des smartphone trop tôt, nous sommes coupables d’accepter qu’ils aillent sur les réseaux sociaux avant l’âge, nous sommes responsables de la situation parce que nous ne disons pas NON et ne fixons pas des cadres clairs et non négociables. A présent que ceci est dit, nous avons aussi la liberté de changer les choses ou pour nos plus jeunes (qui ne sont pas encore touchés) prendre cette fois-ci les bonnes mesures.
Le Smartphone et votre enfant – Les 11 règles
Nous vous communiquons les 11 règles dont l’application vous permettra de protéger votre enfant et de l’initier à un usage intelligent et contrôlé du smartphone.
1 – Commencez par un téléphone à touches, si possible.
Avant d’offrir un bijou de technologie à votre enfant, complètement ouvert sur le monde et ses dangers, répondez au seul besoin de communication.
2 – Pensez le smartphone comme un outil de communication et non un outil de divertissement.
Évitez de laisser votre enfant (ou les industriels, fournisseurs etc.), transformer le smartphone de votre enfant en plateforme de jeu (et d’interaction stérile). En aggisant ainsi vous protégerez le développement des qualités attentionnelles de votre enfant (qui jusqu’à la vingtaine effectivement, sont fragiles et encore en cours de développement !).
3 – Videz-le dès le départ ! Virez Whatsapp, Youtube, tous les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, les jeux et trucs inutiles.
C’est la meilleure manière de gérer ce à quoi il accède et ce à quoi il n’accède pas.
4 – Ayez la main sur les possibilités de téléchargements.
La version la plus basique du contrôle parental est bien celle de maitriser ce qui est téléchargé.
5 – Faites la tortue 🐢. Allez très lentement avant de satisfaire la moindre nouvelle demande et anticipez les conséquences.
Comprenez ! Quand vous acceptez que votre enfant ajoute une application, il est heureux comme si vous lui faisiez un cadeau. Mais si vous devez en retirer une, il se sent puni. C’est comme si vous le priviez d’un acquis social ! Alors, prenez le temps de réfléchir et de bien anticiper les conséquences qu’une nouvelle app aura sur sa disponibilité envers sa famille, ses obligations scolaires, ses qualités d’attention et de concentration, vos relations et ses relations à l’extérieur de la maison.
6 – Prenez des décisions valables pour un ou deux ans afin d’éviter des négociations sans fins.
Réévaluez vos choix à chaque rentrée scolaire, par exemple. Beaucoup de parents se sentent agacés par le fait que leur enfant soit en négociation permanente pour avoir plus de temps de smartphone, plus d’app, etc. Pour éviter cet écueil, vous pouvez ouvrir une période de discussion autour des usages et des besoins de votre enfant (pendant laquelle vous pouvez revoir des décisions prises qui ne sont plus valables) puis la refermer une fois les décisions prises, par exemple à la rentrée. Vous pouvez aussi annoncer qu’une décision prise aura une validité d’un an ou de deux ans, c’est personnellement ce que j’ai fait concernant les réseaux sociaux. Ma décision est irrévocable et non négociable jusqu’en 3ème. En 3ème, on en reparlera.
7 – Respectez les recommandations! Pour les réseaux sociaux, c’est 15 ans minimum.
Les recommandations qui vous sont faites sont destinées à protéger vos enfants des risques associés aux médias sociaux. C’est vraiment dommage de ne pas les appliquer. En les appliquant vous retarder effectivement l’accès de votre enfant à des contenus racistes, extrémistes, pornographiques, etc.
8 – Ayez des horaires:
7h-19h en semaine d’école et 09h-20h le reste du temps, pour un collégien, par exemple. Les horaires d’un enfant de moins de 10 ans seront à aménagés en fonction de ses besoins réels.
9 – Ayez tous les identifiants et codes d’accès de votre enfant.
10 -Assurez-vous un droit de regard irrévocable.
Ces 2 points peuvent gêner des parents qui diront que ce n’est pas respecter le droit à la vie privée de leur enfant. Le respect que vous témoignez à votre enfant ne doit pas venir d’une contrainte imposée par un code. Il devrait s’entendre comme un engagement fiable et une vraie capacité de votre part à vous faire autorité pour ne pas abuser de vos droits.
11 -Assurez-vous que le smartphone soit mis dans un espace commun en dehors des horaires d’utilisation, afin de ne pas déranger votre enfant en-dehors des horaires convenus.
On pourrit ajouter d’autres règles…
On pourrait ajouter encore des règles, notamment sur le type de forfait, l’accès au Wi-Fi, etc.
Chacun doit se sentir libre de mettre en place ce qui est adéquat à l’âge de son enfant et à ses besoins.
Cependant, ne pas avoir de règles, et confier un smartphone trop tôt est très dommageable. La première victime en sera l’enfant qui sera freiné dans beaucoup d’apprentissage scolaires et sociaux. Les victimes collatérales seront évidemment les parents.
Alors, ayons le courage d’encadrer avec des règles justes l’utilisation des smartphones!
Données:
(1) « Selon Les écrans, un danger pour la santé ? Réalisé par Décod’actu en 2018, « Le temps d’exposition aux écrans ne fait que progresser. Les adultes passent en moyenne 5h07 minutes par jour devant les écrans, contre 3h10 il y a dix ans. Et ce, hors activité professionnelle ! », « Les jeunes, eux, passent 4h11 par jour devant les écrans, une heure de plus qu’il y a 10 ans. Et le pourcentage d’ados passant plus de 3 heures par jour devant un écran a explosé, en particulier chez les garçons entre 15 et 17 ans. » » – ttps://10jourssansecrans.org
(2) « En 2018, près de la moitié des Français interrogés avaient déjà été confrontés ou témoins de propos racistes, et environ 40 % de propos homophobes. Autre forme de harcèlement sur Internet, l’envoi non-consenti de contenu texte, photo ou vidéo inapproprié à caractère sexuel. Ce sont majoritairement les femmes qui sont touchées sur les réseaux sociaux, les plateformes d’échange en ligne comme Vinted, mais également sur les sites de rencontre ou lors des parties de jeux vidéo. » – Statista.fr
(3) Les 4 principaux risques selon les études de la Maif:
1 – Contenus non adaptés/ exposition à des images choquantes (pornographie, violence, comportements dangereux…) -2 Divulgation d’informations personnelles, usurpation d’identité et piratage de comptes. 3 – Tentatives d’escroquerie.4 – Mauvaises rencontres et cyberharcèlement (Insultes et diffamation/menaces/chantages/pression psychologique/incitation à jouer à des jeux dangereux, ou à la réalisation de défis périlleux…).
(4) « Concrètement, passer plus de cinq heures par jour sur internet augmente le risque de manquer de sommeil de plus de 50%. Au contraire, ceux qui passent plus de temps avec leurs amis ou pratiquent une activité sportive tendent à dormir plus. » – Phoneandroid.com
(5) « D’après Jonathan Haidt, psychologue social américain, une forte augmentation d’anxiété et de dépression a été constaté chez les jeunes adolescents américains entre 2011 et 2013. Cela est notamment dû à l’arrivée des smartphones avec applications. Depuis le début de cette même période, sur 1 million de jeunes filles, les suicides chez les adolescentes ont augmenté de 70%, par rapport à la décennie précédente, et ont augmenté de 151% chez les pré-adolescentes. » – https://fr.linkedin.com/pulse/limpact-des-réseaux-sociaux-sur-les-adolescents-valentine-billaudeau
(5b) « De nombreuses recherches l’attestent : plus les ados vont sur Instagram, plus leur bien-être général, leur confiance en soi, leur satisfaction à l’égard de la vie, leur humeur et l’image qu’ils ont de leur corps se dégradent. » Ouest France Article « Comment Instagram dégrade le bien-être des ados » 27.09.2021